Jérôme Bouchard

	

À la suite d’une résidence d’artiste au Tokyo Arts and Space en 2017, Jérôme Bouchard présente une série de tableaux qui abordent la place de la subjectivité dans la représentation du paysage, sans pour autant adhérer au concept de non-choix de la forme et exclure toute expérience spatiale et sensible.

Pour explorer cette tension entre objectivité et subjectivité, Bouchard adopte les technologies de la géomatique qui permettent d’effectuer une analyse spatiale du territoire industriel du bord de la Meuse en Belgique et celles de la découpe laser en vue de mettre à distance la présence de la main dans le processus de création. En altérant la toile de micro perforations et en peignant l’endos de la toile, Bouchard par cette double effraction, ne cherche pas tant à en finir avec la visibilité de l’objet, préoccupation somme toute moderniste, qu’à renouveler le lien entre la logique de l’optique et celle de l’haptique.

Si le souvenir de la grille en tant qu’abstraction, semble interpeller Bouchard, la grille n’est pas pour autant détachée du réel, autoréférentielle, mais au contraire liée au monde et sa transformation, ici les bassins industriels de Liège, principaux creusets de la révolution industrielle en Europe continentale. Comme pour affirmer le lien qui unit la grille au monde et au corps, Bouchard incite le regardeur à se mouvoir et à s’approcher des tableaux, l’invitant à découvrir qu’à l’endos de la toile, faite de lin belge, court à certains endroits une autre grille, cette fois sous la forme d’un filet très fin utilisée traditionnellement dans la confection des katagami.