Stéphane La Rue : Flâner et faire surface

L’éloquence du silence par Laurier Lacroix

J’observais attentivement les choses les plus intimes et les plus modestes, tandis que le ciel semblait monter vers le haut et s’incliner profondément vers le bas.  Robert Walser, La promenade, 1917.

Flâner. Flâner comme dans prendre son temps, avancer à pas lents, sans but, suivre ton instinct, ton désir, aller où tes pas te mènent, t’arrêter même. Flâner, laisser ton regard s’attarder sur un détail, puis un autre, reculer pour saisir l’ensemble, faire un bond de côté, revenir, changer d’angle, t’approcher de nouveau, attendre. Au passage, la peinture te sert de guide. Tu entreprends une démarche qui mime la présence discrète de l’artiste que tu croiseras, alors qu’une part de toi-même sera au rendez-vous. La flânerie, un temps hors du temps, telle une rencontre décisive.

C’est à un déplacement que t’invite Stéphane La Rue et, pour ce faire, il a suspendu le tempo, usé de subtilités, planifié les détails et les différences en vue de t’intriguer, de t’amuser, de t’accueillir dans un espace conçu pour le ralentissement. La musique du silence. À prime abord, il y a peu à voir. La mise en espace de la suite Flâneur offre six panneaux accouplés. Six panneaux semblables, donc un seul tableau et son double répété trois fois. Combinaisons qui jouent de mélodieuses variations. Chaque plan, tout de blanc, limpide, comme si on n’y avait tout effacé ou encore rien inscrit. Pourtant tout t’invite à sonder ces surfaces immaculées. Lire la suite