Quelques ciels … sont des images stratifiées issues d’une première exploration pour la conception d’un long nuage, l’œuvre qui sera réalisée dans la future station de métro VIAU.
Ce corpus, élaboré sur plus de deux années, ouvre sur une série de nuages recomposés en de multiples couches alternant dessins et photographies.
Ces nuées se sont cristallisées en des stratifications diverses et alternées, donnant l’illusion d’une profondeur, et d’une épaisseur parfois abyssale.
Parallèlement, la galerie présente une vidéo restée inédite à Montréal ; Géométrie 1 est aussi construite sur un collage d’images multiples ; les plans ont été captés sur plusieurs années pendant la saison d’hiver, même si le récit suggère une promenade quotidienne se déroulant de l’aube au crépuscule.
L’œuvre témoigne d’une occupation très actuelle et populaire de certains lieux ; des jardins historiques, parures de prestige réservées autrefois aux promenades royales, devenus depuis des poumons verts que les gens s’approprient de multiples façons. Les plans, tournés sous des ciels presque toujours cristallins, soulignent les découpes drastiques des végétaux de ces jardins qui donnent lieu à une narration aux accents à la fois poétiques et politiques.
Il existe deux versions de Géométrie 1 et 2, dont les plans différents correspondent précisément à la même bande sonore. Idéalement elles seraient projetées simultanément mais dans un rapport aveugle, de chaque versant d’une construction en gradins dont la maquette est aussi présentée à la galerie. C’est une sorte d’« amphithéâtre », au sens premier du terme grec qui signifiait vu des deux côtés.
Géométrie 1, projetée ici, a été montrée à plusieurs reprises ; à la Bande Vidéo de Québec, à Topographie de l’espace à Paris et au Centre d’art de Kerguéhennec en Bretagne. Le texte en a été édité dans son intégralité dans La Chambre des Ombres, un recueil des écrits de l’artiste publié par le Centre d’art de Kerguéhennec à l’occasion d’une exposition personnelle en 2017. Un projet hors les murs va se greffer à cette exposition et la chevaucher de la mi-août à la fin de septembre.
La projection d’une nouvelle œuvre vidéo, inédite celle-ci, HOBO, se fera à l’atelier de l’artiste au 5615 ave. Des Erables à des dates et heures ultérieurement précisées. L’évènement sera accompagné de la publication d’un texte critique de Sylvain Campeau.
Le contenu politique déjà présent dans Géométrie, est plus affirmé dans HOBO dont le point de départ, une référence à un mode de vie des travailleurs nord-américains au 20e siècle devient, au fil du déroulement, une digression visuelle et narrative vers le nomadisme et la migration actuelle.
Comme Géométrie, HOBO a été réalisé en coproduction avec la Bande Vidéo de Québec. Sa présentation en atelier est soutenue par une subvention du Conseil des arts et des lettres du Québec.
« À la fin tous ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, ces ténèbres chaotiques, ces immensités vertes et roses, suspendues et ajoutées les unes aux autres, ces fournaises béantes, ces firmaments de satin noir ou violet, fripé, roulé, ou déchiré, ces horizons en deuil ou ruisselants de métal fondu, toutes ces profondeurs, toutes ces splendeurs, me montèrent au cerveau comme une boisson capiteuse ou comme l’éloquence de l’opium. Chose assez curieuse, il ne m’arriva pas une seule fois, devant ces magies liquides ou aériennes, de me plaindre de l’absence de l’homme. » Charles Baudelaire - Salon de 1859 consacré aux marines de Boudin (Pléiade, t. II, p. 666)