Le père de Raymond Gervais avait une passion pour les technologies des médias apparus au XXe siècle. Il montait et démontait des radios et des téléviseurs et parlait souvent de Guglielmo Marconi, l'un des inventeurs de la technologie radio. Le point de départ de cette oeuvre est une photographie d'un appareil mis au point en 1894 par Marconi. C'est un transmetteur qui fonctionne avec une plaque de cuivre connectée à un éclateur Righi alimenté par une bobine d'induction avec une touche télégraphique. Cela permettra de transmettre des sons en code Morse. Comme pour beaucoup d' oeuvres qui commencent par "Via", et qui sont réalisées à partir de 1998 (et celle-ci inaugure la série),  Raymond Gervais utilise la photographie pour réaliser un collage (ou un "dé-collage" en l'occurence) qui apporte une dimension métaphysique à l'oeuvre. Ici, il découpe le carré, où se situe la plaque de cuivre, et reporte ce fragment dans un cadre situé non loin du plus grand cadre contenant l'entièreté du document photographique historique, où apparaît dorénavant le "vide" (en citation dans le carré devenu blanc, incolore). "Via" Marconi nous permet de passer par un grand moment de l'histoire de la transmission sonore par une opération visuelle qui permet de mieux "voir" le son. La dimension immatérielle de la chose est mise en évidence par l'extraction du carré qui produit le son. On voit, même si on n'entend pas. On attend... Pour Gervais, attendant entendre (comme le dit Samuel Beckett), c'est le Big Bang, la re-création du réel monde à tout instant via l'imaginaire. C'est ce qu'autorise l'absence.